Extrait de carnet de Peter Valentiner
"L’idée qui préside à l’élaboration de mes tableaux est une idée très libre que je me fais de ce peut être le camouflage en peinture.
Après avoir fabriqué et préparé moi-même toile et châssis, après avoir apprêté la toile, commence le réel travail de peinture.
Une première couche est travaillée soit monochrome, soit polychrome. Ensuite cette première couche étant sèche, je la recouvre de petits morceaux d’adhésifs en papier crépon. Juxtaposé de manière à créer un interstice relativement important qui alors, une fois la surface peinte, à peine recouverte de ces adhésifs, je passe à nouveau de la couleur soit de façon monochrome ou soit polychrome. La phase suivante consiste au décollage des adhésifs. Les réserves laissées par des emplacements des adhésifs vont révéler les dessous monochromes ou polychromes et vont intervenir ainsi optiquement sur la deuxième couche de peinture. Ces réserves jouent dès lors le même rôle que les taches sombres sur la robe du léopard. Je cite cet exemple plus particulièrement car c’est celui que j’ai le plus souvent en tête lorsque je prépare une nouvelle toile. Ces réserves sont donc des points, des taches, dont l’ensemble « trame » la couche supérieure au point d’en perturber la lecture dans son ensemble. C’est cela le Camouflage : peindre sur une forme d’autres formes au point d’en faire éclater sa silhouette caractéristique et cela grâce à un choix intelligent de la couleur. Un camouflage mal fait est non seulement inutile mais nuisible.
Je n’oublie jamais qu’un tableau s’inscrit dans un rapport au regard. De sa perception dépend sont interprétation, son devenir. Ma peinture est faite pour être vue (ou s'adresse au regard) mais cette perception se place à un niveau dialectique du regard. Je vois, je ne vois plus, je crois ce que je vois mais ce que je vois, est-ce ce que je dois voir etc…
Pere Cepteur
Pere, 7 heures."