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Galerie parallèle - Genève Suisse

Peter Valentiner

 
 

Autant d'individus-peintres, autant de manipulations différentes. Mais une préoccupation commune, le rapport du peintre aux éléments constitutifs (spécifiques) de la peinture : la toile, le châssis (ou le non-châssis), la couleur, et cela non pas dans une démonstration technique ou matériologique, mais dans une mise en contact et en action de ces différents éléments au point que l'on puisse dire que Je sujet du tableau, c'est la peinture elle-même.


la toile: certaines sont "libres", d'autres montées sur châssis.


D'où vient cette différence ? Tout d'abord, on ne peut nier le fait que ce sont les nécessités engendrées par la pratique qui ont déterminé ce choix : un "retour" ou une tendance à revenir aux sources, aux éléments premiers de la pratique picturale ont poussé un certain nombre de peintres à travailler dans / sur / avec la toile. II est bien difficile de "manipuler" celle-ci si elle est d'entrée "fixée" dans la rigidité des branches d'un châssis ! Qui veut teindre, plier, couper, empreinter ne peut matériellement le faire qu'en travaillant la toile posée au sol, lieu que l'on peut parcourir, contourner, aborder sur tous angles et ses côtes.


La toile est alors considérée comme un élément de travail avec lequel il faut compter et qui va au-delà de sa fonction traditionnelle de support neutre appelé à être recouvert, donc annihile. Elle participe par sa texture, sa souplesse, ses propriétés d'absorption ou de rétention, à l'élaboration du tableau.


Mais que l'on ne s'y trompe pas : le fait que certains peintres aient choisi la toile libre pour s'exprimer n'exclut d'aucune sorte le travail sur toile tendue sur châssis : celui-ci retrouve alors son rôle de sous-tendeur de la toile ou parfois intervient comme élément de composition en étant révélé sur la surface de la toile par le processus d'application de la couleur (c'est le cas de Laksine).


la couleur: Quelles que soient les manipulations de la toile, elles sont toujours pratiquées en fonction et au bénéfice de la couleur. Celle-ci est vue et travaillée comme une matière vivante et "figurante": rien n'est moins "abstrait" que la couleur. Elle a sa vie propre, ses contradictions, ses facultés d'occultation ou de révélation d'elle-même.


Et où se trouve le peintre dans tout ce processus ? II est là pour discuter, disposer, organiser l'œuvre comme un chef d'orchestre distribuerait les rôles de ses exécutants. C'est lui qui décide de la mise en place, de la mise en œuvre de ces différents éléments, à travers la connaissance qu'il a de son matériau (son "métier de peintre") d'une part -d'autre part ce qu'il investit de lui-même, de ses désirs, de ses refoulements, de son plaisir de peindre, ce que l'on pourrait appeler une mise en scène de l'inconscient qui lui est propre.


La toile émerge de la toile, la couleur nait de la couleur, la peinture est issue de la peinture.


La couleur : elle se peint avec / dans / sur la toile, son support jamais neutre, qu'il soit antagoniste ou complice.


F. P. (Avril 77)



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